Forte de son génie créatif, ses couleurs, ses matières, ses motifs ou ses traditions, la mode africaine est une source inépuisable d’inspiration. Certains pays se démarquent particulièrement grâce à leurs créateurs qui gagnent en visibilité. On pense notamment à Kenneth Izé, Thebe Magugu, Adebayo Oke-Lawal d’Orange Culture, Loza Maléombho, Titia Kandolo et sa marque Uchawi… Désormais, des célébrités afro-américaines telles que Beyoncé, Rihanna ou encore Naomi n’hésitent plus à porter des pièces de designers africains. On a encore tous en mémoire le court-métrage majestueux de la Queen B, en hommage aux différentes cultures de la Terre mère.
Dans la même dynamique, de plus en plus de fashion weeks sont organisées sur le continent, avec pour volonté première d’impacter l’industrie de la mode en local et à l’international. On peut parler de la Accra Fashion Week au Ghana, qui figure parmi les évènements mode les plus reconnus d’Afrique, sans oublier celle de Lagos au Nigéria, ou encore la Black Fashion Week de Dakar au Sénégal. Mais impossible de traiter pareil sujet sans évoquer le FIMA (Festival International de la Mode Africaine) au Niger et que l’on pourra aisément considérer comme étant la mère de toutes les fashion weeks sub-sahariennes.
Lancée en 2016 par la créatrice Nana Addo Tamakloe, la ACCRA Fashion Week fait rapidement parler d’elle. Primée à plusieurs reprises, elle réunit des acteurs de la mode ghanéenne et africaine. L’idée est de mettre en place l’évènement mode dont l’Afrique a besoin, inciter les créateurs à élever le niveau sur le continent africain comme en Occident, grâce à des outils indispensables tels qu’un site internet, un canal de distribution, etc. L’objectif de la Accra Fashion Week est de donner à l’Afrique une plateforme où le défilé de mode n’est pas seulement un spectacle mais aussi un business, qui valorise le travail créatif des Africains.
En 2021, la Accra Fashion Week avait mis en valeur de talentueux créateurs ghanéens et africains, mais également des créateurs internationaux renommés autant pour leur créativité que pour leurs prouesses. Ainsi, durant cette édition, on a pu observer les collections époustouflantes de Nallem Clothing, Yvonne Ex ou encore Mikoko Deluxe. Sans oublier le volet international, avec Clavon Leonard des États-Unis, Impari Moda d’Allemagne, D’Marsh Couture de Jamaïque et Mark Johnson du Royaume-Uni.
Fondée en 2011 par la directrice artistique, entrepreneure et fondatrice de Style House Files Omoyemi Akerele, le Lagos Fashion & Design Week (LagosFW) est un événement qui stimule l’industrie de la mode nigériane et africaine en fournissant une plateforme aux créateurs pour présenter leurs collections. Elle permet de réunir acheteurs, consommateurs et médias pour voir les collections actuelles des créateurs mobilisés sur l’évènement.
Cette fashion week tend à consolider sa place en tant qu’événement de premier plan sur le calendrier de la mode africaine avec des initiatives qui soutiennent, renforcent et développent l’industrie. Au-delà du show, l’événement annuel fournit une plateforme physique qui repositionne progressivement la mode en tant qu’outil utile pour le commerce et la créativité au Nigeria.
Elle a également élargi son champ d’actions en créant deux plateformes principales qui se déroulent simultanément avec la semaine de la mode : Fashion Focus Africa, qui propose des masterclasses sur l’industrie et Fashion Focus Fund, qui fournit un soutien à l’incubation pour les talents émergents à travers le continent. Par le biais de Fashion Business Series, LagosFW plaide pour un soutien à l’industrie des secteurs privé et public.
Le Festival International de la Mode (FIMA) a été créé par le styliste Nigérien Alphadi en 1998, dans le désert de Tiguidit (Niger), pour présenter et valoriser les œuvres de créateurs africains auprès des représentants du monde des arts, des journalistes venant des 4 coins du globe et un parterre de personnalités de haut vol.
Ainsi, il n’est pas rare d’observer la présence de plusieurs Premières Dames de pays avoisinants lors des défilés de clôture du FIMA. Des moments toujours exceptionnels, dans un cadre tout aussi magique : le Sahara. Car c’est bien là la marque de fabrique d’Alphadi. Nous embarquer dans un voyage au cœur du Sahel et promouvoir autant qu’il le peut le travail des artisans de son Niger chéri, de Niamey à Agadez. Fermez les yeux et
imaginez… Un podium installé en plein milieu du désert,
« Africa » d’Ismael Lo en guise de musique d’ouverture,
bienvenue au FIMA ! Tous les plus grands du continent y ont présenté leur collection, d’Elie Kuame à Pathéo, d’Adama Paris à Karim Tassi. Jean-Paul Gaultier, en son temps, fut invité d’honneur de l’une des éditions. Fort d’une crédibilité et d’une longévité inégalées, le FIMA a notamment permis de donner vie à l’École Supérieure de la Mode et des Arts, au Niger, avec pour parrain le regretté François Lesage, grand brodeur.
Né au Mali, le créateur Alphadi – que l’on surnomme « le magicien du désert » – est également Président fondateur de la Fédération Africaine de la Couture depuis 1994, dans la continuité de Chris Seydoux.
La pandémie de la COVID-19 aura eu un impact dévastateur sur le milieu de mode dans le monde entier. Sans défilé, ni autre spectacle, la frénésie des fashion weeks s’est retrouvée paralysée et de nombreux élans qui étaient déjà bien enclenchés prirent un coup dans l’aile.
Cependant, certains ont essayé d’exister en développant les défilés en virtuel. On a pu voir la multiplication d’évènements mode en ligne grâce à des défilés en 3D, avec des mannequins virtuels, à travers le système du « Pay per view » qui consiste à payer pour assister à un défilé, sagement installé dans son canapé.
Ce fut le cas pour les créateurs de la ACCRA Fashion Week, qui ont su rebondir et s’adapter à la tendance du moment : le digital. Du 10 au 13 décembre 2020, le défilé faisait son grand retour sur les comptes Facebook et YouTube de l’organisation. Un concept initié par la créatrice congolaise Anifa Mvuemba en dévoilant sa nouvelle collection Pink Label Congo, le 22 mai 2020, sur Instagram. Le buzz avait été phénoménal puisque c’était l’une des premières fois que l’on voyait un défilé de mannequin virtuel sans visage. Un moyen de toucher un public beaucoup plus large et un choix stratégique bénéfique durant la période de confinement.
Pour faire face au COVID, d’autres créateurs ont laissé parler leur esprit créatif. Par exemple, la fondatrice et la productrice de la Dakar Fashion Week, Adama N’Diaye (connue sous le nom d’Adama Paris) et son équipe ont tenu le cap face à la crise pour que la mode continue d’exister. En effet, la 18ème édition de la DAKAR FASHION WEEK (créée en 2012) fut l’un des rares événements à avoir lieu. Le show s’est déployé en plein milieu d’une savane, au cœur d’une forêt de baobabs. Un moyen original de respecter les consignes sanitaires tout en mettant en avant la nature et l’environnement. Pour rappeler aux participants que le monde de la mode a aussi une part de responsabilité sur la manière d’agir en faveur de la protection de l’environnement.
A Lomé, organiser le festival international de mode au Togo pour faire connaître les jeunes talents et nourrir les ambitions de l’industrie de la mode en Afrique était également un véritable défi, en ces temps de pandémie. L’abnégation du promoteur culturel togolais et fondateur de la marque de vêtement Jacques Logoh (JLO) à vouloir maintenir contre vents et marées la 10è édition du FIMO228 était un pari risqué. Car faire venir une vingtaine de créateurs africains et une quarantaine de mannequins de tout le continent avec des restrictions sanitaires drastiques fut un défi logistique de taille à relever !
Une édition qui proposait un salon FIMO228, un atelier de formation pour les créateurs émergents, des expositions-ventes et deux grandes soirées de défilé. C’est ainsi qu’ont pu se mettre en valeur les créateurs Félicien Gastermann du Bénin, Katie’o du Ghana, Lolo Andoche du Bénin, Isabelle Anoh de la Côte d’Ivoire ou encore Grace Wallace du Togo… Sans oublier que l’Europe et l’Amérique étaient également représentées.
La mode en Afrique a encore de beaux jours devant elle et le meilleur reste à construire !